Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
vietnamfeedragon.overblog.com

Le Vietnam, terre de traditions. Et son peuple, issu des lignées de dragons et de fées. Vous, voyageurs, explorateurs ou juste simples curieux, laissez vous conter les légendes et l'histoire de mon pays.

Coutume: Le culte des ancêtres

Coutume: Le culte des ancêtres

Bonjour à tous,

J'ai décidé de me consacrer, ce mois-ci, à vous parler de la vie spirituelle des vietnamiens. Je trouve qu'Octobre est un moment assez approprié, surement parce que nous somme proche de Samhain et que c'est le moment où la frontière entre notre monde et l'au delà est très mince.

Sur cette question d'au delà, les vietnamiens ont une relation très particulière avec leurs mort. Pour nous, les morts ne partent jamais mais résident toujours dans chaque foyer afin d'accompagner leur descendants vivants dans la vie de tous les jours et les protéger à travers le culte des ancêtres.

La croyance selon laquelle mourir est retourner avec des ancêtres aux Neuf Sources, mais de là leurs âmes reviennent en permanence en visite et protéger la descendance est la base du culte des ancêtres. Le but est de perpétuer un complexe émotionnel aussi intense que possible, liant d'une façon indissoluble les vivants et les morts d'un même clan. Il est présent chez de nombreux peuples du Sud-Est asiatique et constitue le trait spécifique de cet aire culturel mais selon les observations ethnologiques, c’est chez les Vietnamiens qu’il est plus répandu et le plus développé jusqu’à devenir presqu’une religion. Nous pouvons alors dire que c'est la plus vieille pratique religieuse au Vietnam, antérieur même au bouddhisme et au confucianisme (honorer les ascendants en priant devant l'autel qui leur est destiné dans la maison, pas besoin de sortir de chez soi, ni aller à la pagode). C'est une pratique que les vietnamiens font depuis l'aube des temps. Nous retrouvons les allusions à cette pratique dans beaucoup d'œuvres littéraires, notamment dans le grand: Lục Vân Tiên (conte épique sous forme de poème, si vous voulez un exemple occidental, pensez à l'Odyssé d'Homère. Mais attention, il n'est nulle question de combats héroïques et co. Ici, le monsieur, il veut juste aller à la capital pour passer son examen afin de devenir haut fonctionnaire et sur la route, il lui arrive plein d'aventures) de Nguyễn Đình Chiểu (poète aveugle du XIXe siècle), il a écrit:

"Thà đui mà giữ đạo nhà

Còn hơn sáng mắt ông cha không thờ".

(Il vaut mieux être aveugle et respecter les règles

Que de voir clair et ne pas vénérer ses ancêtres)

A la différence des occidentaux qui font attention à la date de naissance, les Vietnamiens attachent beaucoup d’importance au jour de la mort dans le culte des ancêtres car c’est le jour où l’homme entre dans l’éternité.

Le culte peut inclure l'entretien des tombes, mais surtout et principalement la prière et les rites rendus devant l'autel des ancêtres. Traditionnellement, dans les temps anciens, chaque famille possède un temple familiale aux tablettes des quatre générations ascendantes: trisaïeul et sa femme, bisaïeul et sa femme, aïeul et aïeule, père et mère. Au fur et à mesure, on enterre les tablettes des générations les plus vieilles sous le sol du temple.

Avec le temps, les temples familiaux laissent place à l'autel dans la maison. L’autel des ancêtres est toujours placé dans la pièce centrale ou la traversée principale dans les maisons de campagne, à l’endroit le plus respectable. C'est généralement une planche fixée au mur ou une table assez haute ou un meuble haute où sont déposées les photos des morts (jusqu'à 3 générations maintenant), D’après la conception vietnamienne, il n’y a pas de différence entre le monde où nous vivons (Yang) et le monde des morts (Yin): on présente donc à l’autel pour des ancêtres des choses parfaitement matérielles: nourritures (riz ou plus souvent, les paniers de fruits), et dans les maisons où les gens restent encore très attachées à cette religions, sur l'autel, il peut se trouver des vêtements, objets usuels quotidiens et argent (ces derniers en papier, appelés Vang ma – objets votifs).

Seule la nourriture est réelle, et généralement accompagnée de fleurs, d’encens et d’alcool (facultatif) qui doit être de riz. Une chose ne doit pas faire défaut, c’est une tasse d’eau claire: c’est le bien plus précieux du riziculteur après la terre. Après la combustion des baguettes d’encens, on brûle le papier votif et verse la petite tasse d’alcool ou d’eau sur les braises. C’est ainsi que les morts reçoivent leurs présents dans l’au-delà. Chez ceux qui n'utilisent pas les objets votifs, il y a toujours un petit brûle parfum afin que la rituel se complète avec les braises et la fumée. Les flammes et la fumée s’élèvent dans le ciel, l’alcool liquide se mélange au feu pour imprégner la terre: devant nos yeux, s’effectue une osmose feu-eau (Yin-Yang) et ciel-terre-eau (“Trois pouvoirs”) chargée de contenu philosophique.

C'est devant l'autel des ancêtres que les grandes décisions se prennent et que les enfants se marient. On y brûle de l'encens lors des grandes événements comme la naissance d'un enfant, début des études des enfants, réussite à l'examen, fiançailles, deuil, grand voyage, etc.

Dans la famille, le culte des parents décédés est généralement assumé par les fils, et notamment le fils aîné. Les filles ne sont autorisées à s’occuper de l’autel des ancêtres que si elles n’ont pas de frères. C’est ainsi que les vietnamiens, encouragés par la loi à faire deux enfants au maximum, préfèrent avoir deux fils que deux filles, deux enfants de sexe opposé étant idéal. C’est ainsi aussi que beaucoup de vietnamiens se divorcent, ou se laissent tentés par l’adultère, dans cet effort de laisser après leur mort, un homme pour s’occuper de leur âme et perpétuer leur souvenir.

Si quelqu’un meurt sans laisser de descendants, il n’aura pas d’autel pour revenir parmi les vivants et son âme sera condamnée à une errance éternelle. La plus grande malédiction pour un vietnamien est donc de mourir sans laisser d’enfants. La solution dans ce cas est d’adopter un enfant ou bien faire don de son patrimoine à des pagodes bouddhiques, à des temples communaux qui assureront en contrepartie son culte posthume.

Car ce n’est pas seulement la mort mais également le rituel qui ouvre le chemin à la vie future. Le rituel seul et non la mort peut constituer le transfert de vie ou de puissance dont le mort a besoin. Grâce au rituel, le Vietnam croit aux morts, tandis que l’Occident ne croit qu’à la Mort.

De nos jours, les rituels de ce culte se simplifient selon les familles et selon leur religion. Comme chez les catholiques, ces rituels se résument simplement à une cérémonie de brûle d'encens et à l'offrande de fruits. Chez les bouddhistes, l'on maintient le rituel de l'osmose Yin-Yang, souvent, sans objets votifs.

Première photo: autel avec tablettes mortuaires; deuxième et troisième photo: autels modernes chez les catholiques et chez les bouddhistes.
Première photo: autel avec tablettes mortuaires; deuxième et troisième photo: autels modernes chez les catholiques et chez les bouddhistes.
Première photo: autel avec tablettes mortuaires; deuxième et troisième photo: autels modernes chez les catholiques et chez les bouddhistes.

Première photo: autel avec tablettes mortuaires; deuxième et troisième photo: autels modernes chez les catholiques et chez les bouddhistes.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article