Culture: L'art du thé du Vietnam

Bonjour tout le monde!

Alors, ceux qui me connaissent depuis un bout de temps savent très bien que je finirai tôt ou tard de faire un article tel que celui-ci.

Passionnée du thé, j'essaie, quand l'occasion se présente, d'apprendre à connaitre tous les arts du thé, ou tout du moins, les pratiques autours du thé de différents pays et différentes cultures. Ils sont tous très intéressants et dans quasi toutes les cultures, le thé est souvent le symbole de l'hospitalité, du partage et de la méditation. Parmi toutes ces pratiques, la cérémonie du thé japonaise semble être celle la plus connue à travers le monde, de par son aspect cérémonieux et de par sa beauté.

Ce qui me décide donc, de faire cet article car il me semble que dans l'esprit des gens, en Asie, l'art du thé n'existe qu'au Japon! Et c'est une injustice que je compte bien réparer. D'autant plus que chez moi, quand on parle de l'art du thé, on ne parle ni de cérémonie, ni d'art mais plutôt de rituel et d'état d'esprit.

Commençons par quelques présentations du thé vietnamien car là aussi, la plupart du temps, les gens pensent que le thé provient uniquement de l'Inde, de Chine et du Japon. Hé bien, détrompez vous, au Vietnam, il existe beaucoup de plantations de thé, concentrées dans le Nord du pays et dans certaines régions montagneuses. Si l'on ne trouve que très peu de thé vietnamien sur le marché international, c'est parce que ces productions sont destinées principalement à la consommation intérieure car les vietnamiens consomment du thé frai ainsi que le thé séché et traité comme vous les connaissez dans les magasins. Et la consommation de thé au Vietnam remonte au IXe siècle. D'ailleurs, très tôt, les vietnamiens ont su produire du thé parfumé. Le thé parfumé vietnamien se décline en 4 parfums les plus répandus, dont: thé au jasmin, thé au lotus, thé aux marguerites/chrysanthèmes et thé à l'orchidée.
La des méthode de parfumer la plus connue datant de 1829 est celle du thé au lotus: Les feuilles de thé sont empaquetées dans des petits sachets de feuilles de riz, on met un de ces sachet dans chaque lotus. A l'arrivé de la nuit, les pétales de lotus se ferment, gardant précieusement ces sachets de thé en son sein, les enveloppe de leur parfum pendant toute la nuit. L'on récupère ces sachet au matin, quand les pétales se rouvrent. C'est une technique minutieuse et à l'époque, cette technique est réservée à produire du thé consommé par le roi et la famille royale. De nos jours, pour parfumer une plus grande quantité de thé, l'on récupère le grain blanc du bouton de lotus, appelé riz de lotus, les mélanger avec les feuilles de thé puis les couvrir. Quand le riz de lotus sèche, l'ont sèche le mélange de thé et riz de lotus au dessus d'un feu de charbon. Néanmoins, les puristes parfument encore eux même avec la méthode ancienne leur thé.

Pour les vietnamiens, dans le rituel du thé, il ne faut pas que ce soit trop compliqué, ni trop simple, et la préparation, puis le service ne doivent pas être trop cérémonieux ni trop vulgaires. Il faut toujours trouver un juste milieu, l'accord parfait du yin et du yang, car c'est ce qui symbolise le mieux le désir de vie harmonieux et tranquille des vietnamiens.

Au Vietnam, le thé est consommé en grand partie frais, c'est à dire les feuilles sont cueillis, puis cuire directement sur du feu de charbon avec de l'eau le plus clair. Cette utilisation semble être unique au monde selon certains chercheurs de thé et connaisseurs. Le thé frais est simple, convivial, et souvent consommé dans la campagne. Les fermiers, après une dure journée de labeur, se retrouvent dans une échoppe pour partager un bol de thé. (Oui, car le thé frais, se boit dans un bol et non dans une tasse).

Je vous expose ici seulement le rituel qui fait le plus parler de lui et qui est pratiqué partout dans le pays, utilisant le thé séché. Ce rituel se résume en 5 éléments qui se classent comme suit: Premièrement, l'eau; deuxièmement, thé; troisièmement, bol; quatrièmement, théière; cinquièmement, amis du thé.

Chez nous, on croit que le thé n'est bon qu'avec de l'eau naturelle et pure. Les puristes invétérés préparent le thé, dans ce rituel, avec de la rosée du matin récupérée sur les feuilles de lotus ou l'eau de pluie restant dans les feuilles de l'arbre du noix d'arec. Cet eau est appelée l'eau Yin et Yang. La plupart du temps, pour des raisons de temps et de rareté, l'on prépare ce rituel avec de l'eau de source.

Pour faire bouillir l'eau, il faut absolument utiliser un récipient en terre cuite sur un feu de charbon car avec le feu de charbon, l'eau ne serait pas polluée par l'odeur. Pour le thé vert, il faut attendre jusqu'à ce qu'il y a des petites bulles d'ébullition. Par contre, pour le thé parfumé, dès que la surface de l'eau commence à bouger, il faut éteindre le feu.

Les bols utilisés sont les petits bols (4 à 5cm de diamètre). Les théières utilisés peuvent être de formes différentes. Néanmoins, la forme la plus simple est préférable vu la signification que porte un rituel du thé vietnamien. Les bols et la théières peuvent être en terre cuite, en céramique ou en porcelaine.

Avant l'infusion, il faut arroser les bols et la théière de l'eau bouillante. Pour manier le thé, il faut utiliser une cuillère en bois, on ne prend pas du thé avec une cuillère en métal, ni à la main. Cette étape est appelé "le retour au bois". Selon le nombre de personnes à table, il faut bien doser la quantité de thé.

Après avoir mis du thé dans la théière, l'on mets de l'eau chaude jusqu'à ce que l'eau dépasse un peu la surface du thé, puis jeter cette eau. Cette étape s'appelle "nettoyage de thé". Puis verser de l'eau jusqu'au bord de la théière, la recouvre et verser encore un peu d'eau chaude dur la théière pour conserver l'arôme du thé.

Et enfin, amis du thé. Dans la culture du Vietnam, l'hospitalité et le partage sont très importants, donc quand on déguste du thé, c'est toujours mieux avec des amis connaisseurs du thé. Ces amis sont d'autant plus précieux car il est extrêmement difficile de trouver les personnes qui en sont vraiment amateurs.

Pour verser du thé, il y a 2 façons. Soit on verse d'abord le thé dans un grand bol, réservé à recueillir le thé au bord de la théière, c'est la partie la moins imprégné et moins goûteux, puis on verse dans les petits bols en cercle sans couper le jet.
La deuxième façon de faire, c'est toujours de servir en cercle, mais on ne remplit pas le bol tout de suite, on en verse un petit peu, puis on refait le trajet à l'envers pour que tout le monde ait un mélange de thé bien goûteux.

Le thé, dès qu'il est servi, doit être bu de suite pour la chaleur. On n'en boit pas comme on boit de l'eau, on goûte le thé, par petites gorgées. Quand on boit du thé, on le déguste avec toute notre âme, on utilise tous nos sens: la vue pour apprécier la couleur du liquide, l'odorat pour apprécier le parfum, l'ouï pour apprécier les sons du jet, des bols et la théières quand ils se rencontrent, le goût pour apprécier les arômes, le toucher pour apprécier la texture des matériaux brutes des services de thé. Pour les vietnamiens, un bon bol de thé peut remuer les sentiments enfouies dans l'âme humaine, mais l'arôme d'un bon thé apporte à celui qui déguste la tendresse et l'harmonie avec le ciel et la terre.

Un bol de thé avec moi? :)